L’utilisation de l’énergie électrique dans le secteur des travaux publics
Dans son document « Les Travaux publics s’engagent pour le climat », la Fédération nationale des travaux publics met en avant plusieurs de ses engagements pour accélérer la transition énergétique du secteur BTP. Ces engagements incluent une réduction de 40 % des émissions de carbone d’ici à 2030 par rapport à 1990, objectif ambitieux pour une filière qui représente 3,5 % des émissions de gaz à effet de serre en France. Conscients des enjeux écologiques et de leur rôle dans cette transition, les fabricants d’engins de chantier adhèrent de plus en plus à la green technology, thème phare de l’Agritechnica 2023.
Les véhicules électriques sont de plus en plus performants
Il est temps de mettre à bas l’idée reçue selon laquelle les véhicules et les engins électriques ne sont pas aussi performants que leurs homologues qui tournent au diesel ou à l’essence. Carlos Sainz vient de gagner le Dakar 2024 avec un moteur hybride, une des courses automobiles les plus difficiles au monde, et la victoire d’un véhicule 100 % électrique n’est certainement qu’une question de temps.
Dans le secteur des travaux publics, on s’active également depuis plusieurs années pour trouver des alternatives aux moteurs thermiques. Les fabricants d’engins de chantier collaborent étroitement avec les équipementiers, notamment avec les entreprises spécialisées en solutions hydrauliques, pour concevoir des véhicules électriques équipés de capteurs pour permettre un pilotage électronique à la carte.
Décarbonation des engins du BTP : le chantier a déjà commencé
Dans les usines, la décarbonation des engins agricoles et de chantier a depuis longtemps commencé. Tandis que Volvo conçoit des tombereaux à hydrogène (le véhicule à hydrogène a lui aussi débarqué pour la première fois au Dakar 2024), Caterpillar réalise des tests avec un camion minier électrique (prototype 793). Wacker Neuson propose une vaste gamme d’équipements de chantier zéro émission tels que des plaques rondes, des plaques vibrantes, des pelles, des rouleaux, des pilonneuses, des vibrateurs internes, des chargeuses et des dumpers sur pneus électriques. La voie de l’électrique est définitivement ouverte et les constructeurs n’ont d’autre choix que d’aller dans ce sens pour s’adapter aux nouvelles tendances et exigences.
Dans son rapport « Véhicules électriques en construction 2023-2043 », IDTechEx révèle que les machines de construction électriques connaîtront un taux de croissance économique de 38 % sur dix ans. Le BTP bénéficiera de l’électrification et des batteries existantes dans d’autres secteurs pour réaliser les progrès attendus en termes de recharge, d’autonomie, de performance et de prix à l’achat.
Envol des mini-pelles et des chargeuses électriques
Les mini-pelles électriques feront partie des premiers équipements de chantier à s’imposer avec autorité. Aussi performantes que les mini-pelles diesel, elles améliorent de manière significative la qualité de l’air, réduisent les vibrations et les nuisances sonores. L’électrification facilite la configuration des machines avec des fonctionnalités autonomes, telles que l’excavation automatisée, qui permet de travailler avec plus de précision tout en renforçant la sécurité des ouvriers.
À l’image de Volvo et Caterpillar, d’autres constructeurs ambitionnent d’électrifier de plus gros engins tels que des pelleteuses ou des chargeuses : John Deere, Komatsu, XCMG, LiuGong… Les équipementiers chinois travaillent activement sur le problème de la recharge. Les tests réalisés ont notamment permis de constater qu’une batterie de 525 kWh pouvait être rechargée en deux heures. L’électrification de ces deux engins intéresse plusieurs secteurs : construction, génie civil, exploitation minière, activités portuaires…
Comment seront les chantiers 100 % électriques ?
En novembre 2023, un chantier hors du commun a débuté dans les rues de Rouen. L’utilisation de pelleteuses et de camions-bennes électriques a transformé le paysage que l’on rencontre habituellement sur un chantier de construction. Les ouvriers travaillent paisiblement, presque en silence. Ils n’ont guère besoin de faire des gestes ou de crier pour communiquer. Les mini-pelles utilisées pour ces travaux en milieu urbain ont une autonomie de quatre heures. Certes, il est plus difficile de mettre au vert un gros chantier. Cela dit, ce genre d’exemple montre la voie à suivre, pour le plus grand bonheur des ouvriers et des riverains.
Dans son rapport, IDTechEx dessine également les contours des chantiers de demain. La pollution de l’air et la pollution sonore étant pratiquement inexistantes, nous serons réveillés par le chant des oiseaux, et non pas par les machines de chantier. Nous pourrons mieux respirer. Les ouvriers seront assistés par des écrans d’affichage et des capteurs sur les machines qui détecteront les mouvements des personnes. Sans fumée ni poussière, ils auront une meilleure visibilité. Ils pourront communiquer et transmettre leurs consignes en parlant normalement. L’intensité des vibrations sera considérablement réduite. Globalement, leur santé et leur sécurité seront nettement améliorées sur les chantiers.
L’automatisation des tâches sera une conséquence directe de ce changement. Les engins seront configurés pour réaliser des opérations de levage et d’excavation de manière autonome. Pour ce type de tâche, l’ouvrier se contentera de configurer sa machine et de superviser l’exécution des travaux.